critique "Macbett"

Publié le par florencia cano lanza

Théâtre
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Macbett
La parodie et le rythme
Théâtre 13 (Paris)

Avec le recul, comment ne pas être estomaqué par l’audace de Ionesco qui, ne doutant certes pas de son savoir faire, s’attaque à l’un des personnages shakespeariens les plus mythiques pour le plonger dans la dérision et l’absurde. Avec le recul, on est aussi à même de constater que si l’iconoclaste s’autorisait une telle impudence, c’est assurément qu’il n’avait aucun doute sur ses qualités d’écriture et que ce sont bien elles qui, aujourd’hui, apparaissent comme une évidence. Bien entendu, dans cette pièce, la parodie ne se suffit pas à elle-même. Ce qui se dessine derrière la charge acerbe, c’est une véritable réflexion sur l’exercice du pouvoir et les meurtrières rivalités qu’il peut générer. La farce est ainsi tragique - pour reprendre la définition qu’en donnait Ionesco lui-même - et ravageuse.

Tout repose sur le travail des comédiens

Maintenant reconnue, ce que l’œuvre de Ionesco a probablement le plus à craindre c’est la déférence dévote. Avec sa mise en scène de Macbett, Jérémie Le Louët nous l’épargne. Si on le devine attentif à respecter le texte, il ne bride en rien sa propre inspiration burlesque. Pour cela, nul besoin de décors tapageurs. Ceux qui sont là ont essentiellement pour fonction de suggérer les situations. Tout repose plutôt sur le travail des comédiens. Et comme les jeunes complices sont encore des débutants dont il serait prématuré d’attendre une présence et un métier exceptionnels, la mise en scène compense avec un rythme haletant et des trouvailles souvent heureuses, dans le ton et les ruptures de ton, dans les mimiques et autres clins d’œil. Voilà comment Jérémie Le Louët (également sur scène) et ses six compagnons d’aventure (tous anciens élèves du Cour Florent), réussissent leur travail aux allures d’hommage décalé, racontant sur le mode de l’aimable et absurde fantaisie l’infortune de ce Macbett, officier loyal devenu dictateur, d’autant plus tourmenté qu’il ne cesse d’être manipulé par plus malin et plus délirant que lui. Il y a bien quelques longueurs et quelques complaisances mais, au final, ce spectacle se révèle assez joyeux et sympathique.

Macbett, de Ionesco, mise en scène Jérémie Le Louët, costumes Sophie Volcker, décors Virginie Destiné, avec Julien Buchy, Florencia Cano-Lanza, Anthony Courret, Hugo Dillon, Noémie Guedj, Jérémie Le Louët et Laurent Papot. Théâtre 13, jusqu’au 12 juin. Tél : 01 45 88 62 22.

Le jeudi 19 mai 2005

Publié dans Critique

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